Louis-Marie Catta
Tu entres …
… et reçois la douceur d’une grille ouverte dans la lumière du Kub blanc, pétrie de couleursaux jointures, commeles claquements de bec d’une cymbale. Autour, la souple escaladedes cubes-paysages échelonnés jusqu’à effleurer le plafond : c’est un jardin où l’on rencontre la beauté de couleurs éclatantes de sourires.
L’autre jour, Bertrand Lavier parlait de sa sculpture-hommage à Johnny dans un langage si bien retenu, si polissé, alors qu’il a très clairement confié la légende du Grand Homme à une Harley dressée comme un cheval hennissant de fureur, portant une guitare brandie vers le Très-Haut comme un phallus. J’ai pensé qu’il valait mieux, tellement mieux, dire sans fard ce qui engendre nos ouvrages.
Ainsi la grille posée au sol, définitivement stable, quadrillant le regard ou l’ouvrant vers plus de lointains, avec ses pâtons de matières situés précisément où Piet Mondrian n’a pas eu le temps d’aller : l’intersection. Là où les eaux se rencontrent, où les humeurs se mêlent, où les odeurs s’échangent, là où les couleurs donnent une tonalité aux conflits en cours, ces poings de chair au croisement des lignes. Complices de cette sévérité pétillante, les Cubes-paysages, trapézistes virtuoses dans leurs habits d’enfance, prennent appui sur la masse des murs, leurs aspérités,pour déployer un dessinvif comme un réflexe animal.
Dans ce rendez-vous de lucioles, aurais-tu comme moi invité la grille gainée de kraft posant au sol son artéfact de solidité rassuranteafin d’éviter que ne se dilue en vapeurs outrancières les brumes de nos différends ?
C’est simple, lorsque j’entraîne vers le statut d’œuvre d’art des matériaux inertes, dérisoires et fragiles ou, au contraire, des êtres d’une noblesse infinie comme le végétal, je suis au cœur du domaine où j’explore le réel…
… Tu y es convié.
LM 5-02-2023